Promenade Lunaire

Soma était là, naviguant tel un noctambule, fatigué, voire carrément exténué par tous ses entrainements journaliers, et pourtant il ne parvenait pas à dormir.
Le jour il se battait avec hargne et entrainait toutes la gardes, gagnant en réflexes, en masse musculaire. Son énergie au combat en était presque démentielle. Presque Vampirique.
Etait-ce un effet secondaire des morsures de Kallen? Cette soudaine force?
En tout cas, il n'y avait pas que les insomnies durables et les sens qui se modifiait en lui.

Son teint devenait de plus en plus blafard, contrastant nettement avec ses cheveux noirs corbeau raide qui tombait au dessus de ses yeux gris.
L'appétit lui manquait aussi. Il se forçait cependant à ingurgiter un minimum de nourriture. Il s'immincissait, devenant très fin, mais gagnait en musculature ce qui ne laissa pas la gente féminine de la cour insensible. Ces femmes venaient souvent assister à des entrainements, faisant mine de se promener.
De toute façon, Soma n'était pas un homme à femmes, son milieu d'origine ne favorisant pas les rencontre de riche jeune fille. Quand aux courtisanes, devenir leur amant d'une nuit et être jeté aussi sec ne l'interessait guère, les aventures qu'il eut avec certaines d'entre elles lui avait amplement suffit, d'autant plus que le mari vous attend souvent au tournant.

Il continuait sa longue promenade de minuit à travers les serres perdu dans ses pensées, respirant avec joie les parfums des plantes environnantes.
Il songeait de plus en plus à la belle vampire. Surtout à ses canines. Il venait de comprendre le pourquoi des centaines d'humains qui se ruait au palais princier dans l'espoir de devenir esclave sanguin. La sensation de morsure était jouissive, le venin des vampires agissant comme une sorte d'apaisant immédiat irradiant dans tout votre corps.
Il lui arrivait dans la journée d'avoir des hallucinations: il voyait Kallen qui le regardait durement puis qui s'approchait de lui et juste avant de le mordre, l'image disparaissait le ramenant à la dure réalité. Le lien unissant un esclave sanguin et son maitre était surement très puissant, C'était comme si Kallen le possédait, l'ordonnant de revenir à elle pour qu'il lui donne son sang. Un ordre lancinant, incrusté dans sa chair, et plus précisement dans son cou.
Et encore, elle ne lui avait jamais donné de son sang à elle. Du sang de vampire d'une pureté extrême... Certains tueraient pour y goutter.

Il continua sa longue traversé, tombant nez à nez avec quelques vampires qui n'était pas de garde. Ils ne dormaient pas, comme lui. Il s'avança vers eux, entrainant un salut militaire général des quatre concernés.
Soma leur fit signe de romper, leur expliquant qu'ils étaient en pause et que la hiérarchie était suffisamment lourde pour s'en passer le nuit.
L'un d'eux s'avança vers lui:

- Les effets secondaires, chef? demanda Vassili Yuriev un grand vampire brun.

- De quoi parlez vous? lança l'humain surpris.

- De vos morsures, expliqua l'autre, nous vampires ressentons ces choses là.

Soma en restait pantois, mais comme disait le proverbe volkonène, on n'apprend pas aux vampires comment mordre leur proie.

- Ne vous inquiétez pas, continua le suceur de sang sur un ton rassurant, demandez à la princesse de vous faire boire de son sang et ça passera.

Kallen était une princesse, et cela Soma avait une forte tendance à l'oublier vu les manières cavalières de la demoiselle en question.
Il remercia le vampire du conseil et décida de passer le reste de la nuit avec eux. De toute façon, il ne trouverait pas le sommeil de si tôt alors autant s'amuser.
Ce peuple émerveillait le jeune homme de jour en jour. Lorsque l'on apprenait à les connaitre, ils étaient loin des monstres dépeint dans les légendes. C'était plutôt des êtres torturés à propos de leur raison d'être, de leur vie si longue par rapport aux hommes. Ils se remettaient constamment en question, se sentant jaloux vis à vis de la race humaine si vive et nerveuse tant leur vie est courte. Eux sont souvent obligé de se suicider pour partir, ils étaient comme enchainé dans un monde qui évoluait constamment et cela sans eux.
Ils étaient finalement peut être plus humains que les hommes eux mêmes.

L'état du jeune homme semblait s'empirer avec le temps. Il se mettait à délirer, criant le nom de Kallen. Il hallucinait même pensant parfois qu'elle s'approchait de lui puis disparaissait soudainement.
Sa douleur persistait pourtant, sans aucune plaie. Les vampires de la garde décidèrent d'un commun accord de l'endormir avec de l'éther pour qu'il cesse de souffrir.
L'effet fut immédiat: le jeune homme se calma puis tomba dans un sommeil artificiel qu'il n'avait pas connu depuis plusieurs jours.
Content d'eux, les vampires se mettèrent à discuter.

- C'est étrange, déclara Vassili, on dirait qu'il ressent ce que sa maîtresse de sang perçoit, sinon comment expliquer ses douleurs...?

- Le lien est en effet très puissant, mais c'est peut être aussi l'effet du manque... J'ai déjà vu des humains qui attendaient leur morsure et leur sang vampire dans de bien pires états, continua Eleonora.

- Ou alors ce sont les deux conjugués! conclua Filip, de toute façon il nous ait impossible de savoir ni d'appeler un médecin sinon sa petite relation avec la belle commandeure sera fortement compromise. Au pire, il s'en remettra, une bonne nuit de sommeil et on n'en parle plus... Et si vraiment son manque s'accroit, et bien l'un de nous se sacrifiera pour la bonne cause... N'est-ce pas Kira?

Filip se tourna vers la jeune vampire qui se mit à rougir de honte.

- Allez on sait bien que tu as un faible pour l'humain, en même temps c'est vrai qu'il n'est pas dégueulasse...

- En attendant, reprit Eleonora sur un ton autoritaire, laissons le se reposer...

Ils sortirent tous les quatre de la pièce, veillant à ne pas réveiller l'humain, puis ils se dirigèrent vers l'enceinte du palais pour continuer leur garde.