Ballade nocturne

Kallen sortit de l'auberge de la lune rouge, ravie de retrouver enfin l'air frais environnant, même si au fond sa condition de vampire l'empechait de l'apprecier pleinement. La notion de frisson restait complètement abstraite pour la jeune femme pourtant à moitié vampire. Elle ne sentait même pas la fine brume sur sa peau diaphane.
Quelle heure était-il? Probablement tard, beaucoup trop pour apercevoir les braves gens à l'extérieur. Le quartier était dangereux mais elle le savait. Quant au bandits, ils savaient très bien à qui appartenait cette démarche à la foi gracieuse et inquiétante, pourtant masquée derrière une grande cape noire. La plupart du temps, il l'évitait même simplement pour ne pas avoir à faire à elle, sa réputation la précédant.

Etrangement, elle appréciait cette ambiance feutrée, là ou elle avait débuté sa carrière d'assassin. Elle s'y sentait chez elle. Et pourtant sa place était au palais Impérial dans la garde du Chancelier. Le palais était agréable, certe, mais les nobles la regardait comme une bête curieuse.
" Comment est-ce qu'une princesse Volkonène peut-elle s'abaisser à ça? ça n'a rien d'un métier pour une femme!" "Saviez-vous que sa mère était une servante humaine, c'est une batarde!" C'était ce qu'elle entendait la plupart du temps. Finalement les vampires étaient beaucoup plus tolérant...

Elle entreprit de continuer sa marche lorsqu'une ombre surgit sur sa gauche. La sang mêlé, dont les réflexes était dix fois plus rapide qu'un être humain, se retourna si vivement qu'elle se retrouva face à l'étranger presque instantanément, laissant ce dernier abasourdi. Elle profita de ce moment d'hésitation de l'inconnu pour sortir de la lanière en cuir situé sur sa cuisse une fine dague qu'elle plaqua en un éclair contre la jugulaire de ce dernier.
L'étranger enleva sa capuche, révélant un visage de jeune homme aux cheveux noirs et aux yeux gris. Il lui sourit.

- Toujours aussi vive, ma chère Kallen... Moi même meilleur humain de la garde je ne t'arrive pas à la cheville...

Elle ne répondit pas, se contenta d'appuyer un peu plus la lame sur la gorge de l'homme laissant perlé une goutte de sang. Elle ramena ensuite la dague à ses lèvres et lécha la trace d'hémoglobine, libérant son équipier.

- Je t'avais senti à des kilomètres, Soma, ton odeur est tellement reconnaissable...se moqua-t-elle.

- C'est parce qu'on travaille ensemble presque tous les jours, maugréa son interlocuteur un tantinet vexé.

- Et puis, je ne suis pas la meilleure de la garde, je suis simplement la meilleure dans mon domaine, c'est tout. Toi et moi on ne travaille pas de la même façon et tu excelles aussi dans la tienne. Le chancelier apprécie tes talents autant que les miens.

Elle fit basculer sa capuche en arrière libérant son imposante chevelure blonde.

- Je me demande comment tes victimes font pour ne pas te remarquer, tu brilles presque... genre un papillon jaune criard qui attaque une fourmis tu vois le truc?Bref là n'est pas le propos, en parlant de lui, le chancelier te cherche depuis plusieurs jours! Une mission t'attend, et c'est important.

- C'est lui qui t'envoie?

- Non, mais je suis le seul à savoir ou tu te trouvais. Tu sais, tu n'es pas si mystérieuse que ça, contrairement à ce que les gens pensent. Je dirais même que tu es très régulière, tu fais toujours les mêmes choses en permission.

- Epargne moi tes commentaires vaseux Soma ou ma dague se plantera vraiment dans ta gorge.

-Je suis aussi le seul à ne pas avoir peur de toi dans l'équipe, ce qui est un exploit tu imagines...

- Tu es aussi le seul à avoir une si grande gueule...

- Bref... Retourne vite au palais, le chancelier t'attend dans ses appartements. Et s'il te plait, met ton uniforme cette fois, ou il va encore s'énerver, et pitié ne lance des regards meurtriers aux valets, tu les terrifies. je crois qu'ils ont peur que tu fasses de l'un d'eux ton diner.
- Tu sais bien que jamais je ne ferais de mal à un humain.

- Oui, d'ailleurs tu ne veux toujours pas de mon sang, l'échantillon ne t'a pas plu?

- Pour la énième fois non, je ne veux pas d'un esclave sanguin humain!

-Mais un jour tu videras vraiment un portier et ce jour...

Il s'interrompit soudainement, constatant que la jeune vampire s'était volatilisé.

- N'oublie pas l'uniforme! Se contenta-t-il de crier vainement.